Ma fille,
Je t’écris ces quelques mots en te regardant dormir ce soir. Quelle journée c’était, n’est-ce pas?
Tu as eu l’occasion de rencontrer ta nouvelle idole aujourd’hui : Mylène Paquette, la première personne des Amériques à avoir traversé l’Atlantique Nord à la rame en solitaire. Tout un exploit! J’avoue que pour une enfant de 5 ans, c’est à se demander comment tu peux bien la connaître…
Le hasard fait bien les choses
C’est mon amie et collègue de travail, Sara, qui m’a prêté ce livre. Je lui avais conseillé alors qu’elle se cherchait de nouvelles lectures et je me disais qu’elle me le prêterait sans doute, ce qui est arrivé! Ce livre a traîné plus de deux ans dans ma bibliothèque. Un soir, j’ignore pourquoi, je me mets à penser à ce livre. Je suis allée le chercher sur la pointe des pieds pour ne pas vous réveiller, ta sœur et toi, et j’ai amorcé cette belle aventure que j’avais envie de poursuivre, soir après soir, avant de m’endormir. Ses mots tombaient à point dans ma vie : je venais de me lancer officiellement à mon compte, moi la maman monoparentale, sans fonds de secours et sans parents riches pour m’aider. J’ai décidé de penser à moi, à ce que je voulais vraiment devenir du haut de mes 31 ans et ce que je voulais vous léguer comme impression de mère : pas une victime des aléas de la vie, mais une fonceuse qui ne veut pas mettre votre sécurité en péril mais qui joue le tout pour le tout. En espérant que ce soit le bon choix.
Mes nuits de lecture passaient et vous aviez hâte au lendemain matin pour découvrir ce que notre chère Mylène avait traversé comme tempête la nuit d’avant. On consultait son site web et on regardait sa page Facebook de temps en temps. Je vous ai lu ses histoires et ses statuts Facebook et on s’est bien attaché à cette femme forte et solide qu’aucune tempête n’a eu raison.
La vie étant ce qu’elle est, on me parle d’une conférence que Mylène présentera devant des gens d’affaires un certain 21 mars. Juliette est en sortie scolaire donc impossible d’annuler et toi, ma Rose-Kiki, tu as de l’école mais tu veux tellement la rencontrer qu’on décide ensemble que c’est correct pour une fois de manquer un après-midi d’école pour apprendre autre chose : la vie.
Des extraits qui parlent beaucoup :


Le jour J arrive
Tu avais soigneusement choisi ton petit kit la veille et tu voulais une coiffure digne de ta rencontre à venir. Toi, ma sensible et émotive, tu avais choisi tes plus beaux atours et tu attendais patiemment ce moment du haut de tes 5 ans.
On arrive sur place, tu choisis une table et on prend notre repas dans l’attente de voir « notre Mylène ». Tu admires tout : l’écran devant, les belles nappes blanches sur les tables et les petits pains qui sentent si bon. Tu as ce regard que la majorité perd en vieillissant : tu apprécies le moment. Tu te trouves chanceuse de manquer de la garderie et de l’école et d’être là, pour voir et écouter Mylène parler en vrai de vrai de ses fabuleuses aventures. On passe un merveilleux moment mère-fille et on rencontre enfin Mylène. On prend une belle photo souvenir, on lui fait un gros câlin et surtout, on lui dit à quel point nous sommes fières d’elle. Elle accepte de signer le livre de notre Sara et nous repartons, le cœur léger. Tu as tellement hâte de raconter tout ça à ta grande sœur et à ton papa! Sur la route du retour, tu appelles tout de suite mamie pour tout lui raconter.
C’était vraiment une magnifique journée.

Attentive et impressionnée.
La réalité
Mais la réalité autour de nous était quelque peu… différente.
Tout d’abord, les gens ont TOUS pris place ailleurs qu’à notre table. Seuls les derniers arrivés n’ont eu d’autre choix que de se joindre à nous puisqu’il s’agissait des dernières places assises. C’est comme ça ma chérie, les gens ne voulaient probablement pas que tu les déranges pendant leur dîner d’affaires ou ils ne voyaient pas en quoi toi et moi pouvions leur apporter quelque chose de bénéfique pour leur entreprise (et pourtant!).
Les premières minutes de l’activité, les regards réprobateurs fusaient de toute part. Je devinais les pensées des gens autour :
- « Voire qu’on amène une enfant de cet âge-là dans un dîner d’affaires. »
- « Une conférence sur l’entrepreneuriat pour une enfant de 5 ans, voyons donc! »
- « Elle n’avait pas de gardienne ou quoi? »
- « J’espère qu’elle ne fait pas manquer d’école à son enfant en plus! »
Je les devinais et je les entendais tout court. C’est comme ça ma belle, ce qui est plutôt inhabituel dérange, malheureusement. Et pourtant.
Tu as été tranquille et respectueuse. Tu n’as pas pris le pain de personne à la table, tu as agi comme une grande fille, polie, en douceur. Tu as écouté attentivement Mylène avec les yeux plein d’étoiles. Tu as pris 5 minutes de son temps pour une photo et un câlin. Nous avons ramassé nos miettes de pain et nous avons quitté en remerciant l’organisation. Nous n’avons dérangé personne. Et pourtant.

Le beau dessin que Mylène accrochera dans son bureau en souvenir de toi.
La leçon
Je ne comprends pas – et ne comprendrai jamais – les paroles que j’ai entendues aujourd’hui.
Ces gens même qui multiplient les rencontres et les comités pour trouver des solutions afin de palier au manque de main-d’œuvre, bafouent l’idée qu’une jeune femme d’affaires emmène sa petite fille de 5 ans dans un dîner-conférence. Ont-ils pensé un instant que si nous arrivions à inclure la génération qui nous suivra dans nos caucus, événements et activités, peut-être arriverions-nous à semer une idée, un rêve, dans leur tête et dans leur cœur? S’ils n’ont jamais appris à côtoyer des gens inspirants, des entrepreneurs qui sont partis de rien pour suivre leur rêve, des conférenciers qui ont d’inspirants messages à livrer, comment peut-on espérer qu’ils aient – pour la plupart – l’envie d’être entrepreneur à leur tour? Ce n’est pas donné à tous les enfants d’en côtoyer dans leur quotidien, que ce soit dans la famille ou les amis de leurs parents. Donnons-leur une chance de temps en temps de pouvoir être avec nous, les adultes, pour voir ce qu’on accomplit au quotidien pendant qu’eux aussi, de leur côté (à l’école ou à la garderie), apprennent à devenir de futurs employés, entrepreneurs et citoyens. Cessons de les exclure par peur qu’ils dérangent : habituons-les jeunes et ils sauront se sentir impliqués et importants et le jour où un rêve prendra forme en eux, nous serons TOUS outillés, ensemble, pour les accompagner. Arrêtons de simplement dire à nos enfants d’aller à l’école parce que c’est important. Oui ça l’est, mais exercer un métier qu’on aime tous les jours l’est encore plus.
À toi ma douce et belle Rose-Aline, future associée de notre pâtisserie mère-filles, je te dis bravo pour ton attitude. Je te remercie de suivre ta maman non-conventionnelle et de me faire confiance pour te guider du mieux que je peux. Continuons de bousculer les traditions. Ensemble, on mettra fin aux « et pourtant ».
Je t’aime.
Ta maman entrepreneure et fière de ses filles
Cynthia Côté
Consultante en communication-marketing, rédactrice & gestionnaire de réseaux sociaux
j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.
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Merci beaucoup pour votre message Mélina!
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Bonjour Cynthia, Rose-Aline et Juliette,
Comme ça fait du bien de vous lire! Même presque 1 an plus tard, je me souviens très très bien de Rose-Aline qui m’a vraiment impressionnée par son écoute, son calme, son attention. J’avais trouvé génial qu’une petite puce accompagne sa maman pour un dîner d’affaires et je m’étais sentie choyée de recevoir ce joli dessin (que j’ai toujours d’ailleurs dans ma collection de dessins d’amour d’enfants merveilleux!)
Que j’ai aimé lire ce beau billet de blogue, c’est une belle surprise que je savoure en cette soirée froide d’hiver.
Je vous embrasse et vous souhaite une belle soirée, Cynthia, Rose-Aline et Juliette et, Sara merci à vous d’avoir pensé offrir mon livre à votre amie.
xxx
Affectueusement,
Mylène Paquette
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